Conférence du 18 avril 2019

Le gouvernement des autres : regards grecs antiques sur l’altérité politique

Il n’est de connaissance du passé qu’à travers le prisme de la réception. Ce phénomène est d’autant plus passionnant lorsqu’il s’agit de l’Antiquité gréco-romaine que les enjeux idéologiques sont particulièrement forts : en bref, d’un côté une tradition généalogiste, de l’autre une posture anthropologique qui propose un « regard éloigné » lévi-straussien. C’est pourquoi étudier les vestiges matériels ou textuels antiques concernant les régimes politiques des autres, c’est aussi questionner notre propre perception de l’altérité politique, en même temps que notre posture par rapport à l’utilisation, voire à l’instrumentalisation des stéréotypes antiques comme références identitaires ou alternatives. L’exploration d’un corpus iconographique (vases grecs, cylindre de Cyrus) et textuel (Homère, Eschyle, Hérodote, Thucydide, Xénophon, Isocrate, Platon, Aristote, Diodore de Sicile, Denys d’Halicarnasse, Plutarque…) relatif à l’altérité politique permet d’observer une géographie idéologique plus nuancée et variée qu’elle n’est généralement perçue : le monde perse n’est pas nécessairement tyrannique, la démocratie peut avoir d’autres origines qu’athéniennes et d’autres modèles que grecs, et elle peut même incarner, au sein de la cité, une altérité à combattre pour la défense d’autres modèles jugés préférables. Autant d’éléments qui, confrontés à la tradition académique occidentale, permettent de mieux comprendre notre réception de modèles et contre-modèles politiques antiques.