Conférence du 14 février 2019

Diversité du phénomène migratoire en Egypte au IIe siècle av. J.-C. : apports sociétaux, technologiques et artistiques des immigrés iddus du Proche-Orient ancien

L’État égyptien se constitue à la fin du IVe millénaire avant J.-C. autour de la figure royale dont la geste est déjà en partie fixée. Dès lors, le massacre de l’ennemi étranger tient une place importante parmi les thématiques de l’apparat royal. En effet, tout ce qui se trouve en dehors des frontières est considéré comme un agent du chaos. Le roi égyptien est chargé de maintenir le monde tel qu’il a été créé par la divinité. L’incréé, le chaos (isefet), n’a pas été totalement anéanti au jour de la création, mais, repoussé aux marges, il menace à tout moment de perturber l’ordre du monde. Ce dernier, incarné par une déesse, est aussi un concept : maât. La lutte contre l’isefet et le maintien de maât passe par l’anéantissement des étrangers. Cependant, aucun peuple ne semble plus étranger que les « Asiatiques » (âamou) vivant au Nord-Est de la vallée du Nil.

Durant le Bronze récent, correspondant au Nouvel Empire égyptien (1550-1069 av. J.-C.) poursuivant un mouvement entamé durant la période précédente, le monde méditerranéen oriental développe des relations commerciales et diplomatiques à longues distances et les États deviennent de véritables melting-pots. Contrairement à l’image fixée par le dogme politico-religieux, l’État pharaonique s’avère un système ouvert, où il ne semble pas si difficile au « vil Asiatique », conspué par la propagande royale, de se faire une place au soleil égyptien.